Bac 2026 : une nouvelle épreuve de maths en première… ce qu’on sait déjà

Depuis plusieurs mois, les annonces se succèdent autour d’une réforme importante du baccalauréat : la création d’une épreuve anticipée de mathématiques en fin de première, pour tous les lycéens. Cette idée, lancée fin 2023, avance à grands pas. Mais où en est-on exactement ? Que contiendra cette épreuve ? À qui s’adresse-t-elle ? Et que deviendront les maths en terminale ? Faisons le point ensemble.


Un bac maths en première ? Et une autre épreuve en terminale ?

Une épreuve de maths anticipée, comme le français

À partir de juin 2026, tous les élèves de première générale et technologique passeront une nouvelle épreuve écrite de mathématiques, au même moment que l’épreuve de français. Objectif affiché : redonner aux maths une place centrale dans le parcours des lycéens, quel que soit leur choix de spécialités.

Pourquoi cette réforme ?

Depuis la suppression de l’obligation de suivre les maths en première et terminale, les inégalités ont explosé, en particulier entre filles et garçons. Cette nouvelle épreuve vise à rétablir un socle commun en mathématiques, en valorisant les acquis du tronc commun ou de la spécialité, et à mieux accompagner les choix de fin de première.


Un format en deux parties… et trois sujets différents

L’épreuve durera 2 heures et sera notée sur 20. Elle comportera deux grandes parties :

  1. Un QCM sur les automatismes mathématiques (noté sur 8 points), commun à tous les élèves.
  2. Une série d’exercices plus classiques (notée sur 12 points), adaptés au parcours suivi.

Trois types de sujets pour la deuxième partie :

  • Pour les élèves de la voie générale qui suivent la spécialité maths : exercices basés sur le programme de spécialité de première.
  • Pour les élèves de la voie générale qui ne suivent pas la spécialité maths : exercices à partir du volet “maths” de l’enseignement scientifique.
  • Pour les élèves de la voie technologique : exercices issus du tronc commun de leur série.

À noter : L’usage de la calculatrice ne sera pas autorisé pendant cette épreuve.


À qui s’adresse-t-elle ?

À tous les élèves de première, sans exception. Que tu sois en première générale avec ou sans maths, ou en première technologique, tu devras passer cette épreuve en fin d’année. C’est donc un retour d’une discipline commune à tous les lycéens… une nouveauté dans l’actuelle organisation du bac.


Quelle valeur pour le bac ?

Le projet actuel prévoit un coefficient 2 pour cette épreuve dans le calcul de la note finale du bac. Elle comptera donc, mais sans peser trop lourd, comme un complément des enseignements suivis et des choix faits en terminale. Le but est autant d’évaluer que de guider.


Et les maths en terminale alors ?

Rassure-toi, si tu choisis de poursuivre la spécialité mathématiques, rien ne change : tu continueras à suivre ton programme de terminale, et tu passeras l’épreuve finale de spécialité en juin, comme aujourd’hui.

Si tu prends l’option maths expertes, elle reste bien au programme, en complément de la spécialité.

Ce qui change vraiment, c’est qu’il y aura désormais deux épreuves de maths dans le parcours général :

  • Une première, commune, en fin de première ;
  • Une seconde, spécialisée, en terminale pour ceux qui poursuivent.

Est-ce que c’est sûr ?

L’annonce de cette réforme a été confirmée par le gouvernement, et un projet officiel a été présenté en avril 2025. Il a été rejeté à une large majorité par le Conseil supérieur de l’Éducation… mais cet avis est consultatif. Le ministère peut donc passer outre et la mise en place est bel et bien prévue pour 2026.

Des ajustements sont encore possibles sur les modalités exactes (durée, coefficient, types de questions), mais le principe de cette nouvelle épreuve est acté.


Ce qu’il faut retenir

  • Quand ? En juin 2026, à la fin de la première.
  • Pour qui ? Tous les élèves de première (générale et technologique).
  • Pourquoi ? Redonner à tous une culture mathématique commune.
  • Comment ? Une épreuve de 2h avec QCM + exercices adaptés au niveau.
  • Et ensuite ? La spécialité maths et l’option maths expertes restent en terminale.

Chez Les Maths avec Sophie, on suivra évidemment de près la mise en place de cette réforme. On t’aidera à bien comprendre les attentes de cette nouvelle épreuve, à t’y préparer sereinement, et à faire des choix éclairés pour la suite de ton parcours.

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Et si tu as des questions ou des doutes, tu peux toujours m’écrire via le formulaire du site — je serai ravie de t’aider à y voir plus clair !

L’enseignement des maths sert-il vraiment à quelque chose ?

Pour construire un esprit sain, faut-il enseigner des maths ou de la philo ?
Temps de lecture estimé : 21 minutes

Bon, un avertissement préalable : cet article n’est absolument pas fait pour les élèves ni pour leurs parents. Il est à destination des enseignants. Et ce serait une très mauvaise idée que d’autres le lisent. L’idée de cet article m’est venue en début d’année 2025. J’ai vu passer une interview du trublion du COVID-19 sur les réseaux, le professeur Didier Raoult. Avec son franc-parler et son sens aigu de la provocation, il affirmait qu’il était idiot de s’acharner à enseigner les mathématiques à tous les lycéens. « Hormis les bases du calcul, de la géométrie et de l’arithmétique, le reste ne servira à rien dans la vie de 95 % des élèves« . Et de conclure : « il vaudrait mieux leur apprendre la philosophie en profondeur, l’art de se penser soi-même, dans sa vie et dans ce monde. Bien plus utile.« 

Je me suis dit qu’il devait y avoir matière à débat, et que ce serait intéressant de creuser un peu. La guerre des maths et de la philo aura-t-elle lieu ?

La mise en place du débat

La question de l’utilité et de la place des mathématiques au lycée a pris de l’ampleur suite à la réforme du baccalauréat de 2019, qui a rendu les maths optionnelles en 1ʳᵉ et Terminale (voie générale). Contrairement à l’ancien système où tous les élèves des filières S et ES avaient des maths obligatoires, la matière a disparu du tronc commun en filière générale après la Seconde .

Cette situation a suscité de vives réactions : parents d’élèves, enseignants et scientifiques ont rapidement dénoncé « l’affaiblissement de l’enseignement des mathématiques au lycée » et réclamé son rétablissement, soulignant qu’il s’agissait d’une demande unanime pour assurer la continuité des apprentissages . En effet, beaucoup craignaient que cette réforme n’aggrave le décrochage en maths et les inégalités, notamment entre filles et garçons (ces dernières désertant davantage la spécialité maths) . Face aux alertes répétées, les responsables politiques ont fait évoluer leur position : en 2022, le ministre Jean-Michel Blanquer – pourtant à l’origine de la réforme – a annoncé qu’il envisageait de réintroduire des mathématiques obligatoires en Première générale .

Son successeur Pap Ndiaye a confirmé cette orientation en déclarant « À partir de la rentrée 2023, les mathématiques deviendront obligatoires dans le tronc commun. C’est le retour de l’enseignement des mathématiques pour l’ensemble des lycéens » . Concrètement, depuis la rentrée 2023, tous les élèves de Première générale suivent 1 h 30 de maths par semaine s’ils n’ont pas choisi la spécialité, intégrée à l’enseignement scientifique commun. Le revirement a été justifié par la préoccupation générale concernant le niveau en maths des élèves français, jugé insuffisant au regard des enquêtes internationales qui placent la France parmi les pays de l’OCDE les moins performants en mathématiques .

Ce retour des maths s’accompagne d’un débat intense sur son bien-fondé et ses modalités. Quels sont les principaux arguments des différentes parties prenantes, et comment la situation française se compare-t-elle à l’étranger ? Voici une synthèse des positions pour et contre un enseignement généralisé des mathématiques au lycée, en tenant compte de l’évolution des mentalités sur le sujet.

Arguments en faveur des mathématiques pour tous au lycée : un savoir jugé essentiel

Pour de nombreux acteurs du système éducatif, maintenir un enseignement des mathématiques pour l’ensemble des lycéens est une nécessité tant culturelle que pratique. Les mathématiques remplissent en effet plusieurs fonctions essentielles : « elles sont utiles dans la vie courante et indispensables à l’exercice de nombreux métiers », tout en contribuant à former l’esprit logique du futur citoyen .

Autrement dit, au même titre que la maîtrise de la langue, un socle commun en maths est indispensable pour naviguer dans le monde moderne (gestion des finances, esprit critique face aux chiffres, compréhension des technologies, etc.). Des chercheurs soulignent en outre que les grands défis du XXIe siècle (transition écologique, révolution numérique…) exigeront des compétences scientifiques et mathématiques solides dans la population .

Du point de vue des responsables politiques, l’utilité des maths ne fait plus débat : le ministre Pap Ndiaye a insisté sur le fait qu’il était « incohérent » d’en avoir privé une partie des lycéens, tandis qu’au Royaume-Uni le premier ministre allait jusqu’à déclarer qu’il faut combattre un « anti-maths mindset » et que la numératie1 est « une compétence clé tout aussi essentielle que la lecture » .

Manier les nombres est une compétence clé aussi essentielle que la lecture.
Manier les nombres est une compétence clé aussi essentielle que la lecture.

Les parents d’élèves expriment majoritairement le souhait que leurs enfants ne soient pas « privés » de mathématiques en cours de scolarité. La principale fédération de parents (FCPE) s’est félicitée de la réintroduction des maths en tronc commun, rappelant que « la continuité de l’enseignement des mathématiques était une demande forte des parents d’élèves, des enseignants et des scientifiques » depuis la réforme .

La FCPE y voit un progrès qui devrait « encourager les filles à s’orienter vers les études scientifiques » en luttant contre les stéréotypes de genre . En effet, rendre les maths facultatives avait eu pour effet collatéral une baisse drastique du nombre de filles choisissant cette discipline, ce qui inquiète autant les familles que les spécialistes de l’égalité des chances .

D’une manière générale, les partisans des maths pour tous estiment qu’un enseignement commun évite le tri précoce des élèves : il garantit que chacun acquière un minimum de culture mathématique, sans se fermer de portes trop tôt. Un proviseur de lycée résume ainsi l’idée : « Les enseignements du tronc commun doivent être les mêmes pour tous les élèves, c’est le sens même de la définition du tronc commun », les maths devant redevenir un savoir de base partagé .

Du côté des enseignants de mathématiques, on a très vite déploré la situation post-réforme 2019 qui voyait de plus en plus d’élèves abandonner la matière, notamment des élèves pourtant capables mais découragés . Les professeurs de maths, souvent soutenus par leurs associations et syndicats, ont donc milité activement pour un retour des maths obligatoires. Le collectif Maths & Sciences, par exemple, a revendiqué que « l’ensemble des élèves puissent suivre des mathématiques dans le tronc commun, au même titre que le français », suggérant d’adapter les contenus selon les profils et les niveaux pour que chacun y trouve son compte .

De même, le syndicat SE-Unsa a approuvé le principe de rendre les maths à nouveau obligatoires pour tous, à condition de repenser la pédagogie : il propose d’« aborder cette matière de manière plus pratique afin de raccrocher les élèves en difficulté et d’apporter une autre vision des maths pour les élèves avancés » . L’idée est que l’enseignement commun de mathématiques ne soit pas un retour au statu quo ante, mais qu’il prenne en compte la diversité des élèves – par exemple via des applications concrètes, des projets interdisciplinaires, etc., pour donner du sens aux apprentissages.

Les chercheurs en sciences de l’éducation abondent dans ce sens : beaucoup soulignent que le rejet des maths par certains élèves tient souvent à un défaut de perception de leur utilité concrète et à des difficultés non résolues qui génèrent anxiété et découragement . Dès lors, proposer des mathématiques « différentes » à tous (plus ludiques, ancrées dans le réel) pourrait réconcilier une partie des élèves avec la discipline – objectif explicite du programme de tronc commun 2023.

Enfin, les élèves eux-mêmes qui aiment la matière avance un argument plus utilitariste  : pour ces derniers, les maths constituent un atout stratégique dans leur dossier scolaire et leur orientation. « On ne va pas se mentir, ça booste mon dossier », admet Marius, élève de Terminale scientifique . Il se dit même « plutôt pour » l’idée de maths pour tous, affirmant que « tout le monde a besoin de faire des maths. Ne serait-ce que du calcul, on en a besoin tous les jours ! » . Cette vision rejoint celle de nombreux acteurs économiques qui jugent crucial de former la jeunesse aux compétences quantitatives pour les métiers d’avenir .

En somme, les partisans d’un enseignement généralisé soulignent que les mathématiques constituent un langage universel et un savoir fondamental du citoyen du XXIe siècle. Ne pas en doter tous les élèves serait les priver d’outils intellectuels et pratiques précieux, et risquerait d’accroître la fracture entre une élite « scientifique » et le reste de la population. Au contraire, garantir un bagage mathématique commun peut favoriser l’égalité des chances (par exemple, encourager plus de jeunes filles et d’élèves de milieux modestes à s’orienter vers des filières scientifiques) et maintenir le niveau général requis pour une société technologique. Cet avis est désormais largement partagé en France, et rejoint les préoccupations exprimées dans d’autres pays sur la nécessité de renforcer la culture mathématique des nouvelles générations .

Réserves et arguments contre un enseignement obligatoire des maths : vigilance sur la mise en œuvre

Malgré un consensus croissant sur l’importance des maths, des voix discordantes ou prudentes s’élèvent quant à l’idée de rendre leur enseignement systématiquement obligatoire à tous les lycéens. Il ne s’agit pas de nier l’utilité des mathématiques, mais plutôt de pointer les risques d’une généralisation mal pensée. Ainsi, la fédération de parents PEEP – initialement favorable au retour optionnel des maths – a « regretté une mesure imposée, vécue comme une sanction pour les élèves ne choisissant pas la spécialité » .

En effet, certains élèves avaient délibérément laissé tomber les maths après la Seconde, souvent parce qu’ils y étaient en difficulté ou n’y trouvaient pas d’intérêt pour leur projet (par exemple, des profils littéraires ou artistiques). Leur remettre des heures de maths malgré eux risque d’être contre-productif si c’est perçu comme une punition : « on craint que cette heure et demie soit vécue comme une punition », dénonce Jérôme Fournier (SE-Unsa) . Du côté des élèves eux-mêmes, beaucoup de ceux qui avaient fait le choix d’éviter les maths expriment de la résistance. Lucie, en Première voie littéraire, s’oppose « farouchement » à tout retour des maths obligatoires, qu’elle considérerait comme « une perte de temps pour ceux qui n’en ont pas besoin », convaincue que « dans la vie, on peut se débrouiller sans les maths » .

Il convient de ne pas prendre à la légère ce sentiment d’inutilité ressenti par certains : des recherches montrent qu’il alimente le désengagement des élèves et leur décrochage dès le collège si rien n’est fait pour y remédier .

Les maths sont-elle une "perte de temps pour ceux qui n'en ont pas besoin" ?
Les maths sont-elle une « perte de temps pour ceux qui n’en ont pas besoin » ?

Une autre critique formulée concerne le format proposé pour ce retour des maths. De nombreux observateurs, favorables sur le principe, jugent que l’ajout d’1 h 30 par semaine risque d’être insuffisant pour atteindre les objectifs ambitieux fixés. La FCPE elle-même, tout en saluant une décision « allant dans le bon sens », reste lucide sur l’incapacité à accéder à un enseignement supérieur scientifique avec cette seule heure et demie .

Autrement dit, un élève qui aura seulement le minimum de tronc commun en Première et éventuellement l’option Maths complémentaires en Terminale ne retrouvera pas le niveau d’un cursus scientifique complet. Ce dispositif minimal vise surtout la culture générale, pas à former de futurs ingénieurs. L’Association des professeurs de mathématiques (APMEP) a critiqué le projet de programme conçu pour ces 1 h 30 hebdomadaires, le qualifiant de « catalogue qui renforce l’instrumentalisation des mathématiques sans leur donner de perspective culturelle et sociétale ». Selon l’APMEP, avec si peu de temps, on ne peut assurer « la formation de l’ensemble des élèves à l’activité mathématique », même en se limitant aux notions prévues .

Ce risque d’un enseignement au rabais inquiète les enseignants : s’il s’agit de faire uniquement des rudiments pratiques (statistiques basiques, calcul financier…) pour dire que « tout le monde fait des maths », alors on passe à côté de la finalité d’une formation scientifique générale qui doit apporter aussi de la méthode, de la rigueur intellectuelle et un minimum de théorie commune. En somme, certains craignent qu’une demi-mesure mal calibrée cumule les inconvénients : elle pourrait ennuyer les bons élèves (trop de répétitions ou un niveau trop faible pour eux) et décourager les élèves fragiles (si le programme est trop lourd pour le temps imparti, ou trop abstrait) . « Il va forcément y avoir un écart de niveau avec le risque de mise en difficulté des uns et d’ennui des autres », avertit ainsi le syndicat SNALC .

Gérer dans la même classe des élèves initialement volontaires en maths et d’autres qui avaient abandonné peut s’avérer très compliqué ; les enseignants du SNES-FSU redoutent une grande hétérogénéité et alertent que cela exige des approches différenciées, des effectifs réduits et de la formation, sans quoi on fait peser une forte pression sur les professeurs .

Au-delà du contenu pédagogique, se pose la question des moyens concrets. Imposer des maths pour tous nécessite… des professeurs en nombre suffisant. Or, la France connaît une pénurie chronique de profs de maths – un problème souligné par tous, des syndicats aux parents d’élèves . « Comment trouver les professeurs de mathématiques nécessaires ? » interroge la PEEP, pointant un contexte de pénurie aggravée .

En effet, de nombreux postes restent vacants aux concours (CAPES) ces dernières années. Les classes manquent déjà d’enseignants titulaires dans certaines régions. Les syndicats notent l’ironie de demander plus de maths alors que « personne ne va s’inscrire au CAPES de maths » . Sans recrutement ni formation continue massive, la mesure risque d’aboutir à des cours assurés par des non-spécialistes ou des profs surchargés, ce qui en limiterait la portée. Les proviseurs s’inquiètent également du casse-tête organisationnel. Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN (personnels de direction), qualifiait de « contre-sens absolu » la mise en place précipitée de maths obligatoires dès la rentrée 2022 annoncée tardivement par Blanquer .

Selon lui, modifier l’offre en cours d’orientation sans concertation ni textes officiels prêts a semé la confusion dans les lycées . Si l’échéance a depuis été repoussée à 2023, les chefs d’établissement restent prudents : ils demandent du temps pour organiser les emplois du temps, éviter de surcharger la semaine des élèves et recevoir des directives claires sur les programmes. Dans le cas contraire, une bonne intention pourrait déboucher sur des difficultés pratiques (emplois du temps incohérents, heures perdues, etc.).

Enfin, sur le plan philosophique, quelques acteurs questionnent l’idée même que tout le monde doive faire des maths jusqu’au bac. La France a longtemps proposé des filières diversifiées (L, ES, S) permettant aux élèves de se spécialiser en fonction de leurs goûts et aptitudes ; pourquoi considérer les maths comme plus « fondamentales » que, par exemple, la philosophie, les arts ou les sciences sociales ?

Certains éducateurs font valoir qu’il serait tout aussi pertinent de renforcer d’autres compétences transversales (informatique, esprit critique, communication) plutôt que de focaliser sur les maths par réflexe. D’autant que, comme le note l’Académie des technologies, la désaffection pour les maths s’inscrit souvent dans un contexte plus large de perte d’intérêt pour les sciences chez une partie des jeunes . Autrement dit, il ne suffit pas de rendre les maths obligatoires pour réenchanter la matière ; cela doit s’accompagner d’un travail de fond sur les méthodes d’enseignement, l’orientation et l’image des sciences dans la société. Sous peine de quoi on risque de reproduire les écueils actuels : anxiété, sentiment d’injustice (certains élèves des milieux défavorisés percevant les maths comme une barrière arbitraire à leur réussite) , et autocensure des filles face à une discipline encore considérée, à tort, comme « masculine » .

Sur ce dernier point, bien que le stéréotype des « filles pas faites pour les maths » soit infondé scientifiquement, il reste ancré culturellement et nécessite davantage qu’une simple obligation institutionnelle pour être déconstruit . Les sceptiques du « tout maths » soulignent donc qu’une réforme purement quantitative (rajouter des heures de maths) sans réforme qualitative risque de manquer sa cible. Il vaudrait mieux, selon eux, rendre les maths désirables plutôt que simplement obligatoires.

Évolution des mentalités et état du consensus

Les débats des dernières années montrent une évolution notable des mentalités en France concernant l’enseignement des mathématiques. En 2019, la réforme du lycée avait été justifiée par le libre choix laissé aux élèves et la personnalisation des parcours. Dans cet esprit, supprimer les maths du tronc commun ne semblait pas scandaleux pour certains, puisqu’il restait possible d’en faire en spécialité. D’ailleurs, une partie des élèves et de leurs familles ont accueilli avec soulagement la possibilité de laisser tomber les maths, matière souvent source de stress.

Cependant, les effets observés (désaffection massive, notamment féminine, et baisse du niveau moyen) ont rapidement fait changer d’avis à l’opinion publique et aux décideurs. En quelques années, on est passé d’une relative indifférence à un constat quasi unanime qu’un correctif était nécessaire . Dès 2021-2022, la communauté éducative dans son ensemble réclame le retour des maths . On a vu se coaliser des acteurs habituellement divisés : parents, syndicats, universitaires, mais également des figures politiques de tous bords ont convenu qu’il était périlleux de priver une génération entière de formation mathématique de base. La médiatisation des classements internationaux où la France apparaissait à la traîne en mathématiques a accéléré cette prise de conscience , ce qui a choqué dans un pays attaché à son prestige scientifique (médailles Fields, etc.).

Le consensus actuel est donc beaucoup plus favorable aux maths qu’il ne l’était il y a cinq ans. Même les élèves non scientifiques, quoique réticents à voir revenir la matière, comprennent souvent l’argument de la culture générale et admettent qu’un minimum de maths « utiles » peut leur servir (ne serait-ce que pour des études en sciences sociales qui requièrent des statistiques, par exemple).

En parallèle, les mentalités évoluent aussi quant à la façon d’enseigner les mathématiques : une majorité d’observateurs reconnaissent aujourd’hui qu’il faut renouveler les approches (plus de concret, de travail en petits groupes, d’interdisciplinarité) pour intéresser un public large. Le ministère lui-même insiste désormais sur l’adaptation des cours aux différents niveaux et besoins des élèves, là où jadis on appliquait un programme uniforme sans distinction . En somme, on assiste moins à un débat « faut-il des maths » qu’à un débat « comment (re)faire aimer et réussir les maths à tous ». Les mentalités ont évolué vers l’idée qu’une culture mathématique commune est souhaitable, tout en reconnaissant qu’elle ne prendra sens qu’avec une pédagogie repensée et des moyens adéquats.

Comparaisons internationales : la place des maths ailleurs

La France n’est pas le seul pays à s’interroger sur l’enseignement des mathématiques, mais sa situation récente a été assez singulière. En supprimant en 2019 les maths obligatoires en classe de Première et Terminale générale, la France a fait figure d’exception parmi les pays développés. Dans la plupart des autres systèmes éducatifs, les mathématiques restent une composante incontournable jusqu’à la fin du secondaire.

Par exemple, en Allemagne, les élèves de l’équivalent du lycée (Gymnasium) peuvent choisir certaines spécialités, mais « d’autres matières sont obligatoires : les maths, l’allemand, une langue étrangère… » pour tout le monde . L’Abitur (bac allemand) comporte systématiquement une épreuve de maths pour chaque candidat, assurant un tronc commun scientifique minimal. De même, dans de nombreux pays européens (Espagne, Italie, pays scandinaves…), le cursus de base inclut des maths jusqu’à 18 ans, même si c’est parfois avec des niveaux de difficulté modulés selon les filières.

À l’inverse, des pays anglo-saxons comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas ont historiquement laissé plus de liberté aux élèves de lycée. En Angleterre, les élèves de 16-18 ans ne passent que 3 ou 4 A-levels dans les matières de leur choix , ce qui signifie qu’un lycéen britannique peut tout à fait abandonner les maths après 16 ans s’il ne les sélectionne pas. Ce modèle a produit une situation où une part réduite de la population étudie les maths après le niveau GCSE (fin de la scolarité obligatoire à 16 ans).

Il est intéressant de noter qu’aujourd’hui le Royaume-Uni envisage de revenir sur cette exception : conscient que l’absence de formation mathématique post-16 ans est un handicap dans une économie moderne, le gouvernement britannique a annoncé en 2023 vouloir que « tous les élèves étudient une forme de maths jusqu’à 18 ans », sans pour autant imposer à chacun le A-level de maths approfondi . Autrement dit, même un pays qui avait fait le choix du tout-optionnel réfléchit à introduire un socle commun de maths, via par exemple des cours de « maths pratiques » ou de statistique pour les littéraires.

Dans les pays ayant les meilleurs résultats en mathématiques (notamment en Asie de l’Est, comme Singapour, la Corée du Sud, le Japon), les maths occupent une place centrale dans le cursus de tous les élèves, avec des programmes nationaux exigeants et un enseignement très structuré. Ces systèmes considèrent généralement les maths comme un fondamental au même titre que la langue maternelle, et ne laissent pas ou peu d’élèves s’en détourner avant la fin du secondaire. Les comparaisons PISA montrent d’ailleurs qu’il est rare dans l’OCDE qu’un élève de 15 ans n’ait plus du tout de maths dans son programme : sur ce point, la France post-2019 faisait figure d’anomalie aux yeux de beaucoup d’experts .

Certains observateurs étrangers ont été surpris qu’un pays réputé pour son école mathématique prenne le risque de voir chuter le niveau moyen en rendant les maths facultatives. À l’inverse, on observe un mouvement général – au moins dans le discours – pour renforcer l’éducation mathématique. Par exemple, aux États-Unis, plusieurs États exigent maintenant 4 années de maths au lycée pour obtenir le diplôme (incluant algèbre, géométrie, probabilités…), là où auparavant 3 suffisaient, et l’on promeut des cours de « quantitative literacy » pour tous les étudiants, y compris à l’université, afin qu’aucun diplômé ne soit totalement fâché avec les chiffres. Les objectifs déclarés sont souvent les mêmes qu’en France : développer les compétences analytiques de la population et répondre aux besoins en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) sur le marché du travail.

Un traitement différencié des maths dans les divers pays du monde.
Un traitement différencié des maths dans les divers pays du monde.

Cependant, les approches divergent quant à la manière de rendre les maths attrayantes et efficaces pour tous. Des pays comme la Finlande (souvent citée en exemple éducatif) maintiennent un tronc commun long incluant les maths, mais avec une grande modularité : les lycéens finlandais suivent un certain nombre de modules de maths obligatoires et peuvent en ajouter en option s’ils le souhaitent, ce qui permet d’adapter le parcours sans sacrifier l’exigence de base.

D’autres pays mettent l’accent sur les pédagogies actives : Le Canada ou l’Australie, par exemple, ont créé des programmes de « maths appliquées » pour les élèves non spécialisés, axés sur des projets concrets (statistiques sur des sujets de société, calculs liés à l’économie domestique, etc.), afin de montrer l’utilité des maths dans la vie quotidienne. Ces expériences rejoignent les débats français sur la nécessité d’enseigner autrement les maths à ceux qui les subissent.

Par ailleurs, partout dans le monde, on fait face à des défis communs : manque de professeurs qualifiés en mathématiques, décrochage d’une partie des élèves, baisse de motivation à l’adolescence, et parfois rejet culturel des maths (peur de la difficulté, idée que c’est réservé à une élite). Sur ce dernier point, l’OCDE note que la perte d’intérêt pour les maths n’épargne pas nos voisins : « une perte d’intérêt pour les mathématiques et les sciences est observée dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni » . La différence est dans la réponse apportée : alors que la France avait d’abord choisi de réduire la voilure (en 2019) puis de faire marche arrière, d’autres pays anticipent en adaptant leurs programmes ou en menant des campagnes pour redorer l’image des maths auprès des jeunes, filles comme garçons .

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En synthèse, la comparaison internationale tend à valider l’idée qu’un socle commun en mathématiques jusqu’à 18 ans est la norme dans les systèmes éducatifs performants, tout en soulignant l’importance de la souplesse et de l’accompagnement. La France, après une brève exception, revient dans le rang en réaffirmant l’utilité des maths pour tous au lycée, suivant en cela l’exemple de ses voisins. Reste à trouver le bon équilibre entre exigence et accessibilité. Les expériences étrangères suggèrent d’offrir plusieurs parcours mathématiques au lycée (basique, avancé, appliqué), plutôt qu’un modèle unique, afin de concilier l’objectif d’une culture mathématique commune et la prise en compte des vocations de chacun. L’enjeu, en France comme ailleurs, est donc autant quantitatif (combien d’heures, jusqu’à quel âge) que qualitatif (quels contenus, quelle pédagogie) pour que l’enseignement des mathématiques soit profitable à tous les élèves.

Allez ! la Guerre des Maths et de la Philo n’aura pas lieu, car ce sont les deux faces d’une même médaille, celle de la connaissance.


Sources : positions des fédérations de parents (FCPE, PEEP), déclarations de syndicats d’enseignants (SE-Unsa, SNALC, SNES-FSU) et d’associations professionnelles (APMEP), communiqués officiels (ministres Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye), analyse de l’Académie des technologies  , témoignages d’élèves  , et exemples de politiques éducatives en Allemagne  et au Royaume-Uni .

  1. L’OCDE définit la numératie comme « la capacité de localiser, d’utiliser, d’interpréter et de communiquer de l’information et des concepts mathématiques afin de s’engager et de gérer les demandes mathématiques de tout un éventail de situations de la vie (…). À cette fin, la numératie implique la gestion d’une situation ou la résolution d’un problème dans un contexte réel, en répondant à un contenu/à des informations/à des concepts mathématiques représentés de différentes manières »

Cédric Villani : Le mathématicien qui voulait réenchanter les maths

Portrait de Cédric Villani, mathématicien et défenseur de l’éducation.
Temps de lecture 4 minutes

Difficile de rater Cédric Villani dans une foule : lavallière au cou, araignée à la boutonnière et cheveux mi-longs flottant au vent. On dirait presque un personnage échappé d’un roman du XIXe siècle. Mais derrière cette allure de dandy se cache un mathématicien de génie, récompensé en 2010 par la médaille Fields, l’équivalent du Nobel en maths.

Spécialiste des équations aux dérivées partielles (ne t’inquiète pas, personne ne va te forcer à les résoudre), il a consacré sa carrière à explorer des mystères mathématiques et à partager sa passion avec le plus grand nombre. Il a même raconté son aventure scientifique dans Théorème vivant, où il nous plonge dans les coulisses d’une découverte majeure sur l’amortissement de Landau (un truc super important pour la physique des plasmas, mais promis, pas de contrôle à la fin de cet article).

Des travaux de recherche qui ont marqué les maths

Villani ne s’est pas contenté de jongler avec les équations pour le plaisir. Il a marqué la recherche avec ses travaux sur le transport optimal, un domaine qui cherche à répondre à une question aussi vieille que le commerce : comment déplacer des ressources d’un point A à un point B de la manière la plus efficace possible ? (Spoiler : ce n’est pas toujours en ligne droite.)

Il a aussi laissé son empreinte dans l’étude des équations de Boltzmann, qui modélisent le comportement des gaz en mouvement. Ses découvertes ne sont pas restées confinées à une salle de conférence : elles influencent aujourd’hui des domaines aussi variés que la mécanique des fluides, la relativité générale et même certains modèles d’intelligence artificielle. Comme quoi, un bon théorème peut aller loin !

Les équations de Boltzmann, c’est quoi au juste ?

Un petit détour pédagogique s’impose ici ! Les équations de Boltzmann ont été développées au XIXe siècle par Ludwig Boltzmann pour décrire le comportement des gaz en prenant en compte le mouvement de chaque particule. Avant cela, on pouvait seulement travailler sur des grandeurs globales comme la pression et la température, mais sans comprendre ce qui se passe vraiment à l’échelle microscopique.

Ces équations sont cruciales pour comprendre des phénomènes comme :

  • La thermodynamique des gaz : comment un gaz se dilate, se réchauffe ou se refroidit en fonction des interactions entre ses particules.
  • L’aérodynamique : elles servent à modéliser les flux d’air autour d’un avion ou d’une voiture.
  • L’astrophysique : elles expliquent comment les particules de plasma interagissent dans les étoiles et l’espace.
  • Les simulations numériques modernes : elles sont utilisées en intelligence artificielle et en modélisation des fluides complexes.

Ce qui est fascinant avec ces équations, c’est qu’elles permettent de faire le lien entre le monde microscopique (chaque particule qui bouge de manière chaotique) et le monde macroscopique (les lois de la physique que l’on observe à grande échelle). C’est en travaillant sur ces équations que Villani a apporté des avancées majeures dans la compréhension des transferts d’énergie et de l’évolution des systèmes de particules dans le temps.

Les équations de Boltzmann appliquées à la cosmologie. Le point fort de Cédric Villani.
Les équations de Boltzmann, Sur lesquelles a travaillé Cédric Villani, appliquées à la cosmologie.

Ministre d’un jour, désillusionné toujours

En 2017, Cédric Villani quitte son poste de directeur de l’Institut Henri-Poincaré pour se lancer en politique. Il rejoint l’équipe d’Emmanuel Macron, convaincu qu’il pourra contribuer à redonner à l’enseignement des maths ses lettres de noblesse. Mais très vite, le rêve se heurte à la réalité.

Député de l’Essonne sous l’étiquette LREM, il rédige un rapport sur la catastrophe que devient l’enseignement des mathématiques en France. Verdict ? Baisse du niveau, inégalités accrues, et élèves traumatisés par des méthodes rigides. Il pousse pour des réformes, mais se heurte à une administration peu réceptive. Résultat ? Il quitte LREM en 2020 et tente l’aventure municipale à Paris… sans succès.

Mais loin de renoncer, il continue à militer pour un enseignement plus vivant, plus motivant et surtout plus humain.

Un combat pour une éducation captivante

Cédric Villani veut en finir avec l’image des maths comme une matière froide et punitive. Il rêve d’une approche plus intuitive, où les élèves découvriraient les concepts par l’expérimentation, l’exploration et l’émerveillement.

Pour lui, apprendre les maths devrait être une aventure intellectuelle, un jeu de piste où chaque étape révèle un nouveau mystère. Mais il ne s’arrête pas là : il milite aussi pour une meilleure formation des enseignants et l’utilisation des nouvelles technologies dans les apprentissages. Pourquoi ne pas utiliser des simulations interactives ou des jeux vidéo pour rendre certains concepts plus concrets ? Après tout, les maths sont partout, autant les rendre passionnantes !

Cédric Villani, un modèle inspirant ?

Avec son look hors norme et sa passion débordante, Villani prouve que les maths ne sont pas qu’une affaire de tableaux remplis de formules incompréhensibles. Il nous rappelle qu’elles sont vivantes, omniprésentes et surtout… à la portée de ceux qui osent les explorer.

Alors, ses idées vont-elles vraiment révolutionner l’enseignement des maths ? L’avenir le dira. Mais en attendant, il continue de se battre pour que les générations futures puissent voir les maths autrement que comme une montagne infranchissable.

Et si on s’en inspirait pour aborder les maths autrement, nous aussi ?

La France à la traîne en maths : causes, solutions et lueur d’espoir

Il est temps que la France se mette au travail pour redresser collectivement son niveau en mathématiques.

Imaginez un classement où chaque élève de plusieurs pays passe le même examen, un test universel en mathématiques et en sciences. Le TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) est exactement cela : une photographie quadriennale des performances scolaires à travers le monde. Et cette année, la France brille… par son absence dans le haut du tableau. Dernière en mathématiques parmi les pays européens, elle décroche le bonnet d’âne.

Alors, catastrophe nationale ? Faut-il blâmer les méthodes pédagogiques, les élèves, ou les enseignants ? Pas si vite. Avant de ressortir les grands discours ou d’accabler qui que ce soit, plongeons dans ce que mesure vraiment TIMSS, ce qu’il dit (et ne dit pas), et comment nous en sommes arrivés là. Et surtout, voyons ce que chacun peut faire, individuellement, pour progresser. Parce que oui, il y a des solutions !

TIMSS : Une boussole mondiale pour évaluer les apprentissages

Le TIMSS est un classement international administré tous les quatre ans, conçu pour mesurer les performances des élèves de CM1 et de 4ᵉ en mathématiques et en sciences. Créé dans les années 1990, ce test examine les compétences fondamentales : le calcul, la résolution de problèmes, le raisonnement logique, et les connaissances scientifiques de base.

Comment ça marche ?

Le TIMSS ne se limite pas à évaluer les notes des élèves. Il analyse aussi les contextes éducatifs :

  • La qualité des programmes scolaires.
  • Les méthodes pédagogiques employées par les enseignants.
  • Le climat scolaire et l’engagement des élèves.

En d’autres termes, il ne mesure pas seulement ce que les élèves savent, mais aussi comment et dans quelles conditions ils apprennent. Autant dire que c’est un outil précieux pour comparer les systèmes éducatifs mondiaux.

Et les résultats dans le temps ?

La France, hélas, a souvent fait pâle figure au TIMSS. Depuis les années 2000, ses résultats stagnent ou régressent, tandis que d’autres pays européens progressent. À titre de comparaison, les pays asiatiques comme Singapour, la Corée du Sud et le Japon dominent systématiquement les classements. En Europe, des pays comme la Finlande ou les Pays-Bas tiennent le haut du pavé grâce à des approches pédagogiques innovantes et des investissements conséquents dans l’éducation.

Les résultats du TIMMS de 2023 sont édifiants. La France est avant-dernière du classement.

Mais cette année, le constat est encore plus dur pour la France : elle finit dernière en Europe. Comment expliquer cette contre-performance ?

La France à la traîne : un échec collectif ou mal compris ?

Les résultats du TIMSS 2023 placent la France en bas de l’échelle européenne en mathématiques. Une première question vient à l’esprit : qu’est-ce qui cloche ?

Des chiffres qui dérangent

En 2023, les élèves français de CM1 affichent des scores largement inférieurs à la moyenne européenne, notamment sur des compétences de base comme les fractions, la géométrie simple, et les résolutions de problèmes. Les élèves de 4ᵉ ne font guère mieux : un déficit majeur en raisonnement logique et en algèbre les pénalise.

Mais attention à ne pas tirer sur le messager. Ces résultats sont certes peu glorieux, mais ils ne sont pas le reflet d’une incapacité des élèves français. Ils pointent surtout des failles structurelles. Ce n’est pas une question de talent ou de potentiel, mais d’encadrement et de méthode.

Les causes : une histoire de (mauvaises) solutions

Depuis des décennies, les gouvernements successifs tentent d’enrayer cette spirale descendante, mais force est de constater que les résultats ne suivent pas. Pourquoi ?

1. Des programmes scolaires trop lourds et théoriques

Le programme français est réputé pour être dense et ambitieux. Le problème ? Il s’attarde souvent sur des notions complexes sans accorder assez de temps à l’assimilation des bases. Résultat : les élèves manquent de maîtrise sur les fondamentaux et se retrouvent perdus devant des concepts plus avancés.

2. Un manque de formation des enseignants

Les professeurs de mathématiques sont souvent brillants, mais leur formation pédagogique laisse parfois à désirer. Transmettre un savoir n’est pas inné, surtout lorsqu’il s’agit d’expliquer des concepts abstraits à des élèves ayant des niveaux très disparates.

3. L’effet « anti-maths » dans la société française

Soyons honnêtes : les maths n’ont pas bonne presse en France. Combien de fois entend-on « Moi, les maths, ce n’est pas mon truc » ou « Je n’ai jamais été doué pour ça » ? Ce désamour se transmet parfois des parents aux enfants, créant un cercle vicieux où les élèves ne se sentent pas capables de réussir.

4. Des réformes mal ciblées

Les différentes réformes du système éducatif, qu’il s’agisse de la réduction des heures de maths ou de la refonte des programmes, ont souvent eu l’effet inverse de celui escompté. En cherchant à alléger, on a fini par déséquilibrer.

Changer la donne : une révolution individuelle

Certes, les gouvernements ont leur part de responsabilité, mais tout n’est pas perdu. Les maths, contrairement à une idée reçue, ne sont pas une science réservée aux « génies ». Avec la bonne méthode et un peu de persévérance, tout le monde peut progresser.

1. Prendre les choses en main

Le premier pas pour améliorer ses résultats, c’est de changer son attitude face aux maths. Plutôt que de les voir comme une montagne infranchissable, il faut les aborder comme un puzzle à résoudre. Cela demande du travail, mais aussi une curiosité active.

2. Investir dans les bonnes méthodes

Un professeur particulier peut faire des miracles. Contrairement aux cours en classe, un enseignement personnalisé permet de cibler précisément les lacunes d’un élève. Avec des exercices adaptés et un suivi régulier, les progrès deviennent rapidement visibles.

3. Ne pas viser juste des notes, mais une vraie compréhension

Apprendre les maths ne consiste pas simplement à réciter des formules. Il s’agit de comprendre les concepts derrière les chiffres. En adoptant une méthode qui privilégie le raisonnement et la réflexion, les élèves peuvent non seulement améliorer leurs résultats, mais aussi développer des compétences utiles dans d’autres domaines.

Rien n’est joué, tout est possible

Les résultats du TIMSS 2023 sont un coup de semonce pour la France, mais pas une fatalité. Ce classement met en lumière des faiblesses structurelles et culturelles qui doivent être corrigées, mais il rappelle aussi que chacun peut jouer un rôle dans ce changement. Avec des efforts individuels, des méthodes adaptées, et un peu d’amour pour les maths, les choses peuvent évoluer.

Alors, à tous ceux qui redoutent les équations et les pourcentages : ne baissez pas les bras. Avec de la motivation et le bon accompagnement, même un bonnet d’âne peut finir en tête de classe.

Pourquoi est-il crucial qu’une nation excelle en mathématiques ?

Les mathématiques ne sont pas qu’un exercice intellectuel pour résoudre des équations ou dessiner des graphiques. Elles forment la pierre angulaire du progrès scientifique, technologique, et industriel. Sans un solide socle mathématique, une nation ne peut espérer être un acteur clé sur la scène mondiale. Et les preuves s’accumulent : là où les maths reculent, l’innovation et la compétitivité industrielle s’effondrent.

Des maths, sinon rien : les sciences à l’arrêt

Les mathématiques sont la langue des sciences. Physique, chimie, biologie, informatique… toutes ces disciplines reposent sur des outils mathématiques. Que serait la conquête de l’espace sans les calculs précis des trajectoires orbitales ? Que deviendraient les technologies médicales sans les modélisations mathématiques des virus ou des traitements ? Une nation en déficit mathématique freine automatiquement sa capacité à innover et à contribuer aux grandes découvertes.

Technologie et industrie : les maths, moteur de la compétitivité

L’industrie du XXIᵉ siècle est une industrie technologique. Que ce soit dans la conception d’intelligences artificielles, la programmation d’algorithmes ou encore l’ingénierie avancée, les compétences mathématiques sont incontournables. Or, l’Europe, autrefois au sommet de l’échiquier industriel mondial, perd aujourd’hui son leadership. Pourquoi ? Parce que des nations comme la Chine, la Corée du Sud, ou encore Singapour, ont compris depuis longtemps que la clé de l’avenir réside dans l’éducation aux mathématiques. Ces pays forment des générations entières d’ingénieurs et de scientifiques prêts à relever les défis technologiques de demain. Pendant ce temps, l’Europe peine à fournir suffisamment de profils qualifiés.

Les maths : un levier pour l’emploi et la souveraineté

Au-delà du prestige scientifique, les mathématiques jouent aussi un rôle économique stratégique. Une nation compétente en maths attire des entreprises de pointe, crée des emplois dans des secteurs d’avenir et assure sa souveraineté technologique. En revanche, une nation qui abandonne les maths devient dépendante des innovations étrangères et des brevets déposés ailleurs. Elle perd sa capacité à produire localement et à décider de son propre futur économique.

L’exemple asiatique : l’école des leaders

Depuis plusieurs décennies, l’Asie a fait des mathématiques une priorité nationale. Dans ces pays, les élèves sont formés dès le plus jeune âge à raisonner de manière logique et rigoureuse. Ce travail de fond porte ses fruits : aujourd’hui, ce sont eux qui mènent la danse en matière d’intelligence artificielle, de technologies vertes, ou encore de médecine de pointe. Pendant ce temps, l’Europe reste spectatrice, freinée par un déficit de compétences mathématiques criant.

👉 Les maths ne sont donc pas qu’un « savoir scolaire ». Elles sont un enjeu stratégique, un levier pour l’innovation, la compétitivité économique, et la souveraineté technologique. Si la France et l’Europe veulent reprendre leur place sur l’échiquier mondial, elles devront redonner aux maths la place qu’elles méritent dans l’éducation. Parce qu’en fin de compte, il n’y a pas de progrès sans chiffres.

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