Groupes de besoins au collège : un remède pire que le mal ?

Ah, les réformes éducatives… On nous promet toujours monts et merveilles, mais au bout du compte, c’est souvent une montagne qui accouche d’une souris. Après la demande d’annulation récente par le Conseil d’État des groupes de niveaux en français et maths au collège, voilà que l’enquête du SNALC (syndicat qui ne mâche pas ses mots) vient mettre un nouveau pavé dans la mare des bonnes intentions mal ficelées. Spoiler alert : les groupes de besoins, censés sauver nos collégiens, semblent surtout avoir semé la pagaille chez les enseignants et laissé les élèves… là où ils étaient.

Les profs deviennent fous face à la quadrature des plannings.
Les profs deviennent fous face à la quadrature des plannings.

Quand l’usine à gaz devient la norme

Imaginons un instant : vous êtes prof de maths ou de français au collège. On vous annonce que vos classes vont être découpées en « groupes de besoins ». L’objectif ? « Mieux répondre aux difficultés des élèves ». En pratique ? Vos emplois du temps explosent, les niveaux de classe se mélangent, et vous vous retrouvez à jongler entre des réunions supplémentaires, des évaluations de groupe, et (cerise sur le gâteau) des outils administratifs qui rappellent les labyrinthes de la mythologie grecque. Résultat : 60 % des enseignants constatent une dégradation de leurs conditions de travail. Et ça, c’est le genre de statistique qui ne nécessite pas un graphe compliqué pour être limpide.

Les élèves au cœur des préoccupations… ou pas

Mais qu’en est-il des élèves, me direz-vous ? Eh bien, 56 % des enseignants pensent que ces fameux groupes de besoins n’ont rien apporté de positif. Pire, la suppression des dédoublements dans d’autres disciplines (coucou les langues vivantes et les sciences !) a fait pencher la balance du mauvais côté. Parce qu’évidemment, pour donner à Pierre, il faut bien prendre à Paul. Et ici, tout le monde y perd.

Et les moyens dans tout ça ?

Vous vous doutez bien que cette jolie usine à gaz nécessite des moyens. Problème : ils ne sont pas au rendez-vous. Plus de la moitié des enseignants jugent les ressources insuffisantes. Alors on bricole, on bidouille, on tire sur la corde… jusqu’à ce qu’elle casse.

Des profs débordés, des élèves désabusés

Ah, et parlons-en des profs : 65 % d’entre eux ont vu leur charge de travail augmenter. Certains, au bord de l’implosion, ont carrément renoncé à être professeurs principaux. Parce que quand il faut choisir entre être prof et être super-héros, on n’a pas tous la cape ni le salaire pour tenir la cadence.

Un parfum d’échec (mais avec style)

Ce n’est pas la première fois que l’Éducation nationale part dans des réformes « innovantes » sans filet. Rappelez-vous notre dernier article : le Conseil d’État a demandé l’annulation des groupes de niveaux, une autre tentative de résoudre les maux scolaires avec un marteau-pilon. Les groupes de besoins semblent taillés dans le même bois : une idée séduisante sur le papier, mais un désastre à l’usage. Et si on se posait une vraie question ? Pourquoi ne pas demander leur avis aux enseignants avant de leur balancer des usines à gaz sur les bras ?

En conclusion : back to basics ?

Ce que nous rappelle cette enquête du SNALC, c’est que les réformes éducatives ne doivent pas être des tours de magie. Les enseignants, comme les élèves, ont besoin de simplicité, de clarté, et surtout de moyens pour travailler efficacement. À force de complexifier le système, on finit par perdre de vue l’essentiel : transmettre des savoirs et des compétences. Peut-être que la vraie innovation, ce serait simplement de revenir à l’essentiel.

Allez, sur ce, je vous laisse : j’ai un groupe de besoins à constituer. Ça s’appelle « Les Français ont besoin de moins de réformes et plus de bon sens ». Qui en est ?

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Le Conseil d’État demande l’annulation des groupes de français et de maths au collège : une décision qui interroge

L’enseignement au collège traverse une période d’incertitudes, notamment concernant l’organisation des cours de français et de mathématiques. Récemment, une décision du Conseil d’État est venue fragiliser un dispositif pédagogique pourtant au cœur des apprentissages fondamentaux, voulu par l’éphémère ministre de l’Éducation Gabriel Attal : les groupes de compétences en français et en maths.1

Mais que révèle cette décision ? Quels en sont les impacts, et surtout, que penser d’un choix qui semble davantage guidé par des considérations administratives que pédagogiques ?

Les groupes de niveau en maths favorisent-ils l'élévation du niveau ?

Une décision à contre-courant des besoins pédagogiques ?

Les groupes de compétences permettent d’adapter l’enseignement aux besoins des élèves : en petit effectif, les enseignants peuvent cibler des lacunes, proposer des activités différenciées et répondre aux questions de manière plus approfondie. Pour le Gouvernement, c’est une réponse directe aux défis rencontrés par des élèves en grande difficulté, notamment en mathématiques où les écarts de niveau se creusent rapidement. Certains professeurs ont adhéré à cette vision, mais d’autres s’y sont vivement opposés, arguant que cela a déjà été tenté et que cela ne fonctionne pas. Et de toute façon, sur le terrain, le manque crucial de moyens n’a pas vraiment permis de mettre en œuvre cette réforme.

Le Conseil d’État a donc jugé que cette organisation ne répondait pas pleinement aux critères imposés par la réglementation actuelle. La répartition en groupes est perçue comme une entorse à l’égalité de traitement entre élèves, au prétexte que tous ne bénéficient pas des mêmes contenus ou approches pédagogiques. Une interprétation qui soulève des questions : l’égalité doit-elle primer à tout prix sur l’efficacité et la réussite des élèves ?

Des conséquences préoccupantes

D’un point de vue pratique, cette décision menace de nombreux établissements qui avaient fait le choix des groupes de compétences. Si les établissements sont contraints de revenir à des classes homogènes sans possibilité d’adaptation, c’est une perte pour les élèves les plus fragiles. Ceux-ci pourraient se retrouver à nouveau noyés dans des classes trop hétérogènes, où leur rythme et leurs besoins spécifiques ne pourraient plus être pris en compte.

Ce choix peut également démotiver certains enseignants, déjà sous pression, en leur retirant un outil précieux pour améliorer les résultats et renforcer l’estime de soi des élèves en difficulté. Mais il peut aussi en rassurer d’autres qui pensent que l’émulation collective est profitable à chacun.

Une approche politique déconnectée du terrain ?

Derrière cette décision, se dessine une tension plus large : l’écart croissant entre les réalités pédagogiques et les orientations politiques. En insistant sur une application rigide de la réglementation, les institutions semblent ignorer l’objectif fondamental de l’éducation : permettre à chaque élève de progresser.

Cette situation amène à s’interroger sur les priorités fixées par nos décideurs. Peut-on vraiment croire que des principes administratifs, aussi importants soient-ils, doivent prendre le pas sur les besoins concrets des élèves et des enseignants ? Ce dilemme est d’autant plus crucial à une époque où les mathématiques, longtemps délaissées par les réformes, sont pourtant revenues au centre des préoccupations.

Prioriser l’intérêt des élèves

Si cette décision du Conseil d’État crée des remous, elle pourrait également être l’occasion d’une réflexion collective sur le rôle de l’école. Ne serait-il pas temps de redonner la priorité à l’innovation pédagogique et à l’accompagnement individualisé, quitte à adapter la réglementation pour mieux servir les élèves.

Au lieu de faire vaciller les initiatives locales, les décideurs gagneraient sans doute à les valoriser, à condition qu’elles prouvent leur efficacité. Après tout, l’objectif premier de l’éducation ne devrait-il pas être de faire grandir chaque élève, selon ses capacités et ses besoins ?

  1. Comment le Conseil d’Etat fait vaciller les groupes de français et de maths au collège